La réglisse, ami ou ennemi ?

Depuis des temps ancestraux, les humains utilisent la réglisse tant comme aliment que comme médicament. Jusqu’au XIIIe siècle, la réglisse provenait exclusivement de plantes poussant à l’état sauvage, mais c’est à cette époque qu’on a commencé à la cultiver en Europe méditerranéenne. Actuellement la réglisse fait encore l’objet d’un important commerce puisqu’on s’en sert, notamment pour aromatiser le tabac, des boissons et des friandises.

La racine de la réglisse renferme, entre autres, de la glycyrrhizine et son dérivé, l’acide glycyrrhizique. Ces composants participent à certains effets thérapeutiques. Pris en grande quantité, la glycyrrhine a des effets indésirables tels que la rétention de liquide dans les tissus, l’augmentation de la tension artérielle et contribue à la déperdition du potassium dans l’organisme, provoquant ainsi arythmies et insuffisances cardiaques. L’usage de la réglisse est contre-indiqué en cas de cirrhose du foie, d’hypertonie, de kaliopénie, d’insuffisance rénale et lors des grossesses [1].

 Des études ont montré que la réglisse DGL utilisé dans le cadre d’ulcères de l’estomac et du duodénum (ulcères gastrodoadénaux) stimule la production de mucus par l’estomac [2]. La DGL diminue également la quantité et l’acidité des sécrétions produites par l’estomac [3].

Dans d’autres études, il a été observé que la réglisse empêche la multiplication des virus responsables des hépatites A et C [4] [5] [6]. De plus, les résultats de synthèses menées en 2003 [7] et 2004 [8] indiquent que les produits à base de réglisse donnent des résultats encourageants dans le traitement de l’hépatite C, sans pour autant en tirer des conclusions définitives.

D’autres essais clinique indiquent dans le cadre des maladies de peau, que l’application d’un gel contenant 2% d’acide glycyrrhizinique a permis d’atténuer les rougeurs, l’œdème et les démangeaisons chez 30 personnes souffrant d’eczéma [9].

En conclusion, l’utilisation de la réglisse dans un cadre médical peut apporter des bénéfices notables sur certaines pathologies. Cependant pour une consommation personnelle, la FDA (Food and Drug Administration) américaine conseille aux plus de 40 ans d’en limiter leur consommation : « Le fait de consommer 60 grammes de réglisse par jour pendant deux semaines peut envoyer certains gourmands à l’hôpital ».

Astuce : méfiez-vous particulièrement des bonbons à la réglisse de couleur noire, qui sont les plus concentrés et surtout en cas d’arythmie, arrêtez immédiatement d’en manger. D’une manière générale, n’en abuser pas, car la réglisse peut également interagir avec certains médicaments, même homéopathiques.

 

[1] Strandberg TE, Andersson S, et al. Preterm birth and licorice consumption during pregnancy. Am J Epidemiol. 2002;156(9):803-805.

[2] Van Marle J, Aarsen PN, et al. Deglycyrrhizinised liquorice (DGL) and the renewal of rat stomach epithelium.Eur J Pharmacol 1981 Jun 19;72(2-3):219-25.

[3] Anti-ulcer and antioxidant activity of GutGard. Mukherjee M, Bhaskaran N, et al. Indian J Exp Biol. 2010 Mar;48(3):269-74

[4] Anonyme. Glycyrrhiza glabra. Monograph. Altern Med Rev. 2005 Sep;10(3):230-7. Texte intégral: www.thorne.com/altmedrev

[5] Antiviral effects of Glycyrrhiza species. Fiore C, Eisenhut M, et al. Phytother Res. 2008 Feb;22(2):141-8. Review

[6]  Review of pharmacological effects of Glycyrrhiza sp. and its bioactive compounds. Asl MN, Hosseinzadeh H. Phytother Res. 2008 Jun;22(6):709-24. Review

[7] Liu J, Manheimer E, et al. Medicinal herbs for hepatitis C virus infection: a Cochrane hepatobiliary systematic review of randomized trials. Am J Gastroenterol. 2003 Mar;98(3):538-44

[8] Coon JT, Ernst E. Complementary and alternative therapies in the treatment of chronic hepatitis C: a systematic review. J Hepatol. 2004 Mar;40(3):491-500.

[9] The treatment of atopic dermatitis with licorice gel. Saeedi M, Morteza-Semnani K, Ghoreishi MR. J Dermatolog Treat. 2003 Sep;14(3):153-7